• T'es pas un optimiste, du moins pas vraiment, t'es un idéaliste qui a décidé de fuir la réalité. Tu sais bien qu'on finira les deux pieds dans la tombe, que ton combat n'a aucune chance d'aboutir. Mais laisse moi te le dire, c'est important que tu le saches, que tu le comprennes : c'est beau ce que tu fais. C'est beau quand tu te mets à chanter à tue-tête sans aucune raison, que tu distribues tes sourires magiques, et tes paroles pansement. C'est inspirant quand soudain tu t'énerves, que tu te mets à hurler parce que personne n'y croit, parce que bercé dans nos désillusions, on ignore la beauté du monde et celles des Hommes.

    De toi à moi, tu sais, tu ne changeras jamais le monde. Y'a pas de miracle, pas de Dieu qui tiennent. Mais ce que tu fais, ce n'est pas inutile. Si tu ne changes pas le monde, au moins tu nous changes nous. Parce que, je t'ai toujours vu comme un vieux morceau d'accordéon, joué par ce mec dans le métro... Tu sais, une musique qui illumine le quotidien, interprétée par un abruti qui va mal mais qui veut quand même rendre heureux. Des paroles qu'on croyait avoir oublié, qu'on ne pensait pas avoir écouté, mais qui nous accompagnent tout le temps, et qui nous manquent tellement quand elles s'arrêtent. T'es comme une lueur d'espoir dans une putain de routine qui nous tue. 

    Donc, s'il te plaît, n'abandonne pas. Jamais. Continue d'y croire, continue de te battre. S'il te plaît, ne touche pas aux drogues, ni à l'alcool. Ne tombe pas dans les paradis artificiels, parce que si tu le fais, tu arrêteras de créer les tiens. Quand tu vas mal, quand tout s'effondre, appelle-moi, je t'en prie. Je ne peux pas te sauver comme tu sais si bien le faire, avec des mots qui s'envolent et qui font planer... Je peux juste te chanter des chansons sur le monde, sur la vie, sur l'amour. Je peux me battre pour toi, peut-être pas pour très longtemps, mais tu sais, te protéger des débris du monde qui s'effondre en attendant que tu sois assez fort à nouveau, pour créer de ta voix une pluie d'or et de lumière...


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  • C'est bleu. Bleu sombre comme la nuit, quand il n'y a pas assez d'étoile. En même temps c'est très doux, c'est du papier de soie, c'est une caresse dans les creux de tes reins. C'est une soirée pas si unique, mes doigts pianotent sur le clavier, la lune est déjà levée. C'est presque noir, mais c'est presque toujours presque noir, je crois. Un briquet de Damoclès reste sous le satin, près à tout faire cramer. Toi tu continues de danser sur le fil, un peu hésitant, et tu te déhanches sans te soucier du risque. En vrai, personne se doute de ce que tu vis. T'es dans une voiture, qui roule prudemment, sur une route large. Entourée de personnes qui, maladroitement, t'aiment du plus profond d'eux. Y'a pas de danger à première vue. Mais y'a toi, quand même.

    Toi, t'emmerdes le monde entier, tu l'envoies chier, et avec tes mots, tu construis quelque chose d'autre, doux comme l'étreinte d'un parent aimant, chaud aussi. Tu construis quelque chose qui a une odeur sucrée mais pas écœurante. Tu sais pas trop comment dire, t'as même jamais su. T'as beau chercher, ce que tu veux inventer, on n'a pas inventé les mots pour le décrire. 


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  • Quand il lève la voix, elle se rétracte, terrorisée. Les larmes montent dans ses yeux. Il n'est pas très grand, pas si fort. Elle sait bien qu'il ne lèvera pas la main sur elle, c'est son ami après tout. Mais il lui crie dessus et c'est pire. Elle n'a rien fait mais elle se déteste. Elle le déteste lui aussi, mais elle lui pardonnera dans quelques jours, parce qu'elle sait qu'il "a des problèmes". Il s'essuie les pieds sur elle pour se mettre en valeur, il ne fait jamais ça quand ils sont seuls. Il a besoin de briller. C'est manipulateur, ça fait peur, mais elle pardonne. Elle pense qu'elle le mérite. Alors elle baisse les yeux. Même si elle essaie de protester elle sait que ce sera pire pour elle. 

    Elle a toujours dit "si qui que ce soit lève la main sur moi ça se termine tout de suite". Et c'est vrai. Amitié, amour... Rien n'excusera jamais la violence à ses yeux. Son père n'a jamais levé la main sur sa mère. Autant que possible, le couple a pratiqué l'éducation non violente, considérant que frapper leur enfant reviendrait à échouer dans leur rôle de parents. Il y a eu quelques coups, c'est vrai, mais rares, expliqués, et surtout, ils se sont arrêtés dès qu'il a été évident qu'ils n'apportaient aucune solution.

    Pas de violence. Mais il n'a jamais dépassé cette barre. Il est simplement condescendant, manipulateur, culpabilisateur, et il a ce qui ressemble fort à un ego surdimensionné et un complexe de supériorité. Il s'arrange aussi pour qu'elle soit seule. Parce que jamais son copain n'accepterait qu'on lui parle comme ça. 

    Pas grave, elle encaisse. Elle est devenue assez forte pour ça, mais elle doit prendre ses précautions. Si jamais elle ne tenait plus le coup, il faudrait quand même un message. Une dernière lettre.


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