Il m'fallait un nouveau départ, j'sais pas si vous voyez. J'pouvais plus avoir peur en permanence des monstres sous mon lit, et j'pouvais pas non plus m'concentrer sur des putains d'erreurs faites à cause de ce stupide jeu, fallait que j'arrête de baliser. J'en était au point ou j'dormais avec mon frère pour que le souvenir du jeu vienne pas me hanter. Mais nan, j'dois grandir, j'passe au lycée. J'me souviens que dans Divergente, Quatre dit à Tris "La peur ne te paralyse pas, elle te réveille". Moi, la peur me tue sur place. J'préfère mille fois souffrir que flipper. Alors, j'ai tout réorganisé, ma chambre, mes armoires, mes livres, oui, j'ai fait l'grand ménage. Totalement stupide, ouais, j'sais. Mais ça devenait vital. D'repartir de zéro tout en gardant les bases, pour pas mourir. Ouais ça semble exagéré, j'sais, mais je m'noyais dans ma détresse, c'est comme quand on s'réveille, l'matin, après un cauchemar, et qu'on sait plus où finit l'rêve et ou commence la réalité. J'étais en permanence dans cet état. Maintenant, c'qu'il m'reste à faire, c'est accepter d'me regarder dans le miroir tout les matins, et m'répéter en y croyant "Je vais bien".

Je pense que vous êtes tous au courant qu'il y a eu une éclipse totale de soleil visible aux USA et c'était la première fois depuis 99 ans, (même que pour ceux qui ont suivi ça avec attention, vous savez que Donald Trump l'a regardé sans lunette. Tant de bêtise humaine, je ne sais pas si l'on devrait pleurer, personnellement, j'ai pris le parti d'en rire, mais bref...) ce qui m'a rappelé qu'en France, il y a un ou deux ans, nous avions vécu une éclipse solaire à 80 %. Voici ce que j'avais écrit :

"Aujourd'hui, il va y avoir une éclipse solaire. Dans l'éventualité ou dans quelques centaines d'années la Terre ne sera plus habitable, et sachant qu'une éclipse n'est rien qu'une coïncidence, il est possible que l'idée même tombe dans l'oubli. Alors je me doute que ce n'est pas un petit mot écrit dans un carnet (même si là en l'occurrence je le poste sur Internet) qui va en offrir le souvenir au gens, mais au cas-où, je l'écris quand même.

Le collège nous a fourni des lunettes ce matin, afin qu'on puisse regarder l'éclipse en toute sécurité. (N'est-ce pas Trump ???). Elle aura lieu pendant le cours d'art plastique.

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Alors que nous continuons joyeusement et dans un boucan infernal nos dessins, peintures ou gribouillage artistiques, j'en profite pour écrire que l'air semble déjà lourd, comme s'il pesait sur nos épaules. Je ne suis pas sûre que mes camarades l'aient aperçu ou peut-être est-ce uniquement moi qui me fait des idées, en écrivant sur la dernière page de mon cahier. L'éclipse va commencer dans quelques minutes, aussi, nous mettons nos lunettes et sortons. Les oiseaux se sont tus, mais trois cent élèves dans une petite cour de récré sont suffisamment bruyant pour que peu nombreux soient ceux qui, comme moi, l'ont remarqué. Je parle des oiseaux, mais tout espèce de présence animale semble avoir disparu tant on a cessé de l'entendre. Et je peux en jurer, mon collège étant caché par des fermes et des pâturages, il n'y a pas une seconde sans un meuglement un bêlement ou je ne sais quel autre bruit. Le froid ne cesse d'augmenter. Cédant enfin aux injonctions de nos professeurs, le silence se fait juste au début de l'éclipse. Nos souffles s'arrêtent et même le vent se tait. Pendant quelques secondes, j'ai un aperçu du silence absolu. L'ombre de la lune progresse sur la surface du soleil tandis que nos respirations reprennent lentement leur cours. L'obscurité, qui s'était déjà installée à notre insu continue de progresser, et enfin, le soleil est réduit à un cercle de feu, assez large, certes, mais c'est tout de même impressionnant. L'ombre repart de la même façon qu'elle est arrivée, libérant le soleil de son emprise glacée, mais nous en demeurons perturbés, et nos esprits restent longtemps figé sur l'éclipse, encore quelques heures plus tard. Pour ma part c'est une légende qui trotte dans ma tête :

"Béni soit l'enfant né pendant une éclipse lunaire, le soleil lui même quitte son cycle et chasse la lune pour assister à sa naissance. 

Maudit soit celui né pendant une éclipse solaire, alors que l'astre lui-même refuse de lui donner lumière et chaleur, et s'en détourne."

J'avais envie de parler de mon orientation sexuelle, tout en sachant parfaitement que je vais peut-être recevoir des messages incendiaires, et tout ça... Oui je suis bisexuelle. Oui j'aime les filles et les garçons. Et oui, je l'assume entièrement, je n'ai pas à le cacher.

Je n'ai jamais fait de grand coming-out, parce que je crois que ça a toujours été le cas. Si certains de ceux qui me lisent sont dans mon cas, je veux juste vous dire que ce n'est pas un défaut, vous n'avez pas à en avoir honte, et surtout, surtout, vous pouvez le dire à vos parents. Ils s'en rendront bien compte un jour, et mieux vaut qu'ils le sachent par vous que par quelqu'un d'autres. Montrez leur que vous êtes assez mature pour être fier de ce que vous êtes. Ils finiront par l'accepter.

Personnellement, ma famille est hyper tolérante ma mère n'a rien dit. Si vous vous demandez comment ça c'est passé :

"-Maman,  Amorine* est amoureuse de moi.

-Ben dis-lui que t'es pas de ce bord là et puis c'est tout.

-En fait perso, je l'aime bien aussi.

-D'accord, mais comme je t'ai toujours dit, pas de main sous la ceinture."

*J'ai évidemment changé le prénom

Voilà, c'était pas plus compliqué que ça. Et puis, après mon grand frère m'a simplement dit 

"Dis, à cette soirée, vous avez fait que des câlins, hein ? Parce que, une fille ou un gars, je m'en fous, le premier qui te touche je le défonce"

Et effectivement, elle m'avait juste prise dans ses bras.

Après oui, dans la vie de tout les jours, on s'en prend parfois plein la gueule, et on m'a déjà accusée d'être la honte de mes parents, ou d'être une erreur de la nature. Personnellement je suis assez fragile, et ce qu'on pense de moi me touche beaucoup. Donc, ça a pas toujours été simple, mais je sais que mes parents me soutiennent, que ça ne les gêne pas. Et si au début, ça n'a pas été facile d'en parler ouvertement avec mes amis, c'était surtout pour pouvoir continuer de faire un câlin à des filles sans ambiguïté , mais ils sont presque tous au courant, et ça se passe très bien. Et c'est pour cette raison que l'année prochaine, en seconde, je n'aurais pas peur de m'afficher avec une fille.

Après, je n'approuve pas forcément le mouvement LGBT (Lesbienne Gay Bi Trans). Je veux dire, on s'est tellement battu pour ça qu'on ne peut pas le renier, mais je trouve qu'il nous sépare plus qu'autre chose. Et puis avant on était fier de faire partie de ça pour assumer ce qu'on est. Maintenant pour certains c'est juste que ça fait "classe" et je trouve que ça a perdu une partie de son sens. Mais comme je viens de le dire, je ne le rejette pas non plus, on l'a tellement voulu....

Alors à tous les rageux, les intolérants, les étroits d'esprits : Avant d'être une fille je suis un être humain tout comme toi. Alors non, je ne tombe pas amoureuse d'une verge ou d'un vagin, je tombe amoureuse d'une personne et vous ne pourrez pas m'enlever ça.