• Rubikscube - 7 ans

    Lysandre fêtait Noël avec tous ses amis. L’année de ses sept ans, son oncle lui offrit un rubikscube. 

    -Tu devrais essayer de résoudre ça un jour. Ta mère me dit souvent que tu es très intelligent pour ton âge et qu’elle n’arrive pas à trouver de quoi t’occuper. Ne t’en fais pas si ça te prends quelque mois, c’est assez difficile.

    -Qu’est-ce qu’il faut faire avec ça ?

    -Il faut que tu tournes le cube pour que chacune des faces soit d’une seule couleur ! Mon père en a un, il n’a jamais réussi à le faire, répondit Enzo d’une voix enjouée. 

    Il avait l’air très intéressé par le casse-tête, et ses doigts s’agitaient nerveusement comme s’il s’imaginait déjà le résoudre. Lysandre le remarquait bien, alors il fit un grand sourire et lui lança l’objet.

    -Je te le donne.

    -Tu ne vas même pas essayer de le faire, demanda son oncle, surpris.

    -Qu’est-ce que ça m’apporterait ? Si j’y arrive, ça ne changera rien à ma vie. Du coup, ça ne m’intéresse pas.

    -Et si je te disais que je t’offrirai un cadeau si tu le résout ?

    -Je l’aurais peut-être fait, mais ça ne m’intéresse pas non plus. Maman me fait déjà plein de cadeaux.

    -Tu n’aurais pas peur de ne pas réussir par hasard ?

    Le but était clairement de provoquer le petit garçon, qui savait régulièrement se montrer susceptible, mais ce dernier se contenta d’hausser les épaules. Ici, au milieu de ses amis, sa supériorité était assurée sans qu’il aie besoin de se battre, alors il retourna simplement jouer avec ses playmobils. Alex, lui, ne l’entendit pas de cette oreille. Il détestait que qui que ce soit mette en doute les capacités de son meilleur ami.

    -Lysandre n’a peur de rien. Votre truc est juste trop ennuyeux pour lui.

    Sur ces mots, il retourna aux côtés des autres. L’après-midi défilait, et tout se passait paisiblement entre les garçons. Une petite Anna de deux ans à peine avait rejoint son frère, et semblait enfin prête à faire sa sieste. D’un geste, Lysandre intima le silence à tous ses amis et, assis sur le fauteuil, il commença à lui raconter une histoire pour l’aider à dormir. Il l’avait toujours fait pour elle, et c’était souvent très long car cette dernière aimait les récits complexes, avec beaucoup de péripéties et de personnages, bien que son jeune âge ne lui permette pas de tout comprendre. Et, excitée par la présence de tant de monde autour d’elle, une seule histoire ne suffit pas à la bercer. Pendant que son frère parlait, tout le monde l’écoutait, fasciné par son imagination débordante, mais Enzo était toujours en pleine tentative de résoudre le rubikscube. Petit à petit, l’objet passa de mains en mains, et tout le monde s’y essaya sans succès. En plein milieu de sa troisième histoire, Anna manqua de s’endormir quand le petit gémissement de rage de Timéo la sortit de son état. Agacé, Lysandre tendit la main d’un geste autoritaire, et son ami y déposa le casse-tête. Sans cesser de raconter l’aventure de la reine des fées à sa soeur, Lysandre laissa ses mains s’agiter. Son oncle posa les yeux sur la grande horloge. Exactement trois minutes et douze secondes plus tard, l’enfant de sept ans lançait gentiment le jouet à Enzo et remontait la couverture sur les épaules de sa soeur enfin endormie. Il avait résolu le jouet. En trois minutes et douze secondes.

     


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