• J'ai peur que tu te suicide si je te quitte.

    Parfois la nuit, je suis soudainement terrifiée, et je me mets à pleurer, à paniquer sans raison. Quand tu me rejoins, je réagis à peine. Je suis comme un verre de cristal qu'on a éclaté au sol, non seulement je suis brisée, mais en plus je risque de couper. Mais tu prends ma main dans la tienne, tu m'écoute pleurer, et ensuite, tu te redresses, et tu m'écoutes parler. Moi, je t'ai regardé droit dans les yeux, et je t'ai dit "Je vais me suicider tu sais. Je suis désolée, je t'aime, mais ça va finir comme ça, je ne vais pas me mentir plus longtemps, je vais m'ouvrir les veines, peut-être pas demain mais ça arrivera". Tu ne trembles pas, tu ne t'inquiète même pas vraiment, si ? Je ne sais pas, ça m'angoisse un peu, peut-être que tu t'en fous. Je ne pense pas, mais mon anxiété se réveille tout de même. On en parle un peu, je me rends compte de la chance que j'ai de t'avoir. Tu veux comprendre même si ça marche pas, tu veux en rire, tu veux dédramatiser le truc, je comprends. Et puis soudain, tu parles. T'es gêné, pas sûr de toi, t'as peur maintenant, même si tu ne le montres pas. Tu me regardes dans les yeux et tu la poses, cette foutue question. "Si je te quitte, tu vas essayer de te suicider ?". Bien sûr, la question est légitime. Mais je panique et je réponds au hasard. Je te dis que je suis une grande fille, que ce ne sera jamais ta faute, que quoi qu'il se passe, ce sera ma faute uniquement. Je te dis que tu ne devras jamais te sentir responsable. Mais ce n'est pas ça que tu voulais entendre. Tu voulais que je te dise que je n'essaierai pas. J'ai répondu n'importe comment tout en me demandant comment j'ai pu foiré au point que tu penses ça.

    J'ai paniqué, et je n'ai pas répondu correctement. La nuit passe, je m'en vais, mais j'y repense. Alors, si je devais te répondre, voilà ce que je te dirais : 

    Je t'aime mon ange. Je t'aime, mais tu n'es pas ma raison de vivre, et tu ne le seras jamais. Je suis heureuse d'être avec toi, de grandir à tes côtés. Mais t'es pas ma raison de vivre. J'ai passé dix-sept ans sans te connaître. Et j'étais en vie sans toi. J'ai survécu à quatre agressions sexuelles, dont un viol, j'ai avorté toute seule, j'ai géré mes troubles alimentaires. J'ai survécu dans ma propre tête. Tu n'as pas idée d'à quel point ça a été dur. Tu l'as dit toi-même, y'a des gens qui sont bien, "normaux, même si t'es normale aussi hein" et d'autres qui vont super mal. Tu ne peux pas savoir ni imaginer à quel point c'était dur, et tant mieux. Mais j'ai survécu. Je dis pas que c'était tout le temps sain. Mais j'ai survécu toute seule. Alors, saches-le. Tu fais une une différence dans mon bonheur. Je suis plus heureuse grâce à toi. Mais ça ne change rien à ma vie. J'ai survécu en étant malheureuse, et en étant désespérée. Tu n'es tout simplement pas capable de me faire assez mal pour que je meure. Et même si tu me quittes, je garderai tout le bon que tu m'as apporté. La confiance en moi, les bons souvenirs, ça ne s'effacera pas. Tu m'as rendue plus forte, et tu peux pas me casser. Donc, pour répondre clairement à ta question, non, je ne me suiciderai pas si tu me quittes.


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