• Conseil pour les proches lors de TCA (notamment d'anorexie)

    Parfois ça va mieux. En ce moment, c'est le cas. Je mange quand j'ai faim, même si je grignote parfois. J'abuse peut-être un peu sur le soda, mais ça va. Et puis un jour, tout aura un goût de terre, une consistance de sable sur mes lèvres. Je n'arriverais plus à rien avaler. Je pourrais passer trois jours sans faire de vrai repas, à me nourrir d'actimels et de yaourt. Et une sorte de paranoïa s'installera. Quand on me demandera si j'ai faim, je me dirais que c'est parce que je suis grosse. "J'ai l'air d'avoir mangé ? Ils se disent que j'ai mangé. Que j'ai trop mangé. Si j'ai l'air d'avoir mangé, c'est que je dois être grosse. Heureusement que je ne mange plus parce que si je mangeais vraiment je serais encore pire". Quand on me fera remarquer que je ne mange plus, je me sentirais coupable, et puis d'un coup, je commencerais à m'énerver "Je sais bien que je n'ai pas mangé, merci. Si tu veux me dire que ce n'est pas sain, je suis au courant, j'ai pas besoin de tes conseils. T'as un bac + huit mention nutritionniste ? Bon, bah, ton avis je m'en care."

    Quand ça m'arrive, je sais que ça passera quand quelques jours, semaine, ou mois. Ce n'est pas ça le problème. C'est surtout que j'empoisonne mes relations avec tout le monde, pour quelque chose qu'ils ne contrôlent pas et que je ne choisis pas non plus. Alors, peu importe qui lit ça, si tu reconnais dans ton entourage les signes que je viens de décrire, autant que possible, soit patient. Tu peux te sentir désemparé, ou inutile. Moi, certaines choses m'aident, et d'autres me bloquent :

    -souvent je ne cuisine pas juste pour moi dans ce genre de période, alors mes amis avaient l'habitude de se retrouver pour qu'on mange tous ensemble, histoire que, même si j'ai du mal à manger, ce soit un moment agréable.  Autant, l'intention est bonne, autant, pour moi c'est impossible. Je ne me sens pas à l'aise à l'idée de manger devant d'autres gens. Je préfère qu'un.e ami.e vienne chez moi pour partager un repas tous les deux.

    -mon copain aime bien me préparer mes plats préférés, comme des pâtes carbonara ou un kebab. Le problème, c'est que comme il fait l'effort de cuisiner / commander exprès pour moi, je me sens obligée de manger, mais je suis pas capable de le garder. Donc, je lui en ai parlé (communication is the key !) et maintenant, il me demande ce que je veux manger. Je peux choisir de manger quelque chose que j'aime habituellement pour essayer d'y trouver du plaisir, ou demander un plat très peu calorique pour essayer de le garder. Et ça dépend de si je suis en train de faire des progrès, ou si j'essaie de me stabiliser.

    -C'est propre à moi, et ça ne s'applique vraiment pas à tout le monde, mais je marche beaucoup à la félicitation. Quand je mange avec quelqu'un, s'iel me félicite, ça m'encouragera à manger la prochaine fois. Evidemment, dans l'autre sens, m'engueuler parce que je ne mange pas, ce n'est pas du tout efficace.

    -Un truc qui marche aussi très bien, c'est avoir des snacks sains sous la main. Quand j'ai envie de manger, ça ne reste pas longtemps. Donc si je n'ai rien à ce moment là, le temps que j'aille me chercher un peu de nourriture, je serais incapable de l'avaler. Certains de mes amis gardent des pommes sur eux, et dès que j'ai faim, ils m'en donnent une, parce que je culpabilise moins d'avoir mangé quelque chose de sain. Si c'était des chips, par exemple, je ne les prendrais sans doute pas.

    -Ne pas parler de nourriture aussi, ça m'aide. Si je ressens le besoin, j'amènerai le sujet. Je n'ai pas envie qu'on m'interroge sur ce que j'ai mangé les trois derniers jours. Souvent, ça me fait culpabiliser, et en plus ça m'infantilise énormément. Je suis adulte, et je n'ai pas envie qu'on s'occupe de moi comme si j'avais quatre ans. D'abord, la plupart du temps, je SAIS ce qui est le mieux pour moi. Si je te dis que je ne PEUX pas manger, je ne fais pas un caprice, c'est certainement que je sais que je le vomirais automatiquement, et que je n'ai pas envie de me retrouver dans un schéma manger → gerber. Et de toute façon, personne ne peut me forcer à rien. Même si je décide de ne pas faire ce qu'il y a de mieux pour moi, personne ne peut rien y faire, et je ne m'en sortirais pas si je n'ai pas l'envie. Je ne dis pas que quand on voit une personne sombrer, ou arriver au point d'être un danger imminent, il faut lae laisser seul.e. Je dis que, quand lors d'un régime, une personne fait un petit excès, elle doit juste continuer son programme normalement, ne pas tenir tout le temps, c'est humain. Et c'est pareil pour l'anorexie. Par exemple quand je voulais réussir à manger deux repas par jour, ça m'arrivais de craquer et de ne manger qu'une fois, ou alors pas du tout. Mais à force de patience, j'ai fini par réussir à tenir mon programme pendant un sacré moment. 

    -Pour terminer, c'est important de ne pas réduire une personne à ses troubles. Je ne suis pas juste mes TCAS, ou juste ma dépression, mon anxiété ou mon PTSD. Je suis une personne. Je ne me construis pas que sur mes problèmes. Ce qui veut aussi dire que je suis un individu à part entière, et que donc, toi, tu n'es pas obligé d'être là pour moi 24h/24. Tu dois aussi construire ta vie, prendre soin de toi et de ta santé, préserver tes autres relations. 

    Evidemment, ces conseils ne s'appliquent pas à tout le monde. Chacun vit ses TCAS à sa façon, il faut être ouvert et en parler quand c'est possible, sans forcer les choses. En plus, là, ce sont les conseils qui s'appliquent à moi, sachant que je suis anorexique (avec des phases boulimiques légères) mais en train de m'en sortir. Mais je le partage quand même parce que je pense que c'est important.


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