• Et toi, et moi, et le monde.

    La terre est brûlée, et le ciel pleure. Et toi, et moi, et le monde... Une valse à trois temps, irrégulière comme nos âmes. On pourrait hurler, et après ? Dis-moi, et après, qu'est ce qui changerait ? Pas toi, pas moi, pas le monde. 

    Allez, on a l'habitude que tout s'effondre... Reviens-moi, s'il te plaît. Reviens au creux de mes draps. On pourra échanger des baisers, nourris du souvenir d'une passion morte depuis longtemps. On pourra rêver, se bercer d'illusion et de mensonge. S'aimer sans se regarder. On ne s'est pas vus depuis si longtemps. Et combien de fois je t'ai retiré une robe de satin blanc, son doux frottement sur nos peaux... Et nous étions mis à nus l'un devant l'autre, dans une intimité partagée mais... Mais finalement tu gardais ce masque de chair, de rire et de larme sur ton visage, et j'ai fini par oublier à quoi tu ressemblais. Le bruit de tes gémissements, l'odeur de ton corps, le soyeux de tes cheveux, et puis le goût de tes lèvres, tout ça est resté. Tout ça est resté. Mais la vraie toi, elle s'est éloignée et je l'ai perdue. Tu sais elle me manque. 

    Reviens putain. T'es partie en vrille. Avant, toi et moi on savait. On savait qu'il n'y avait plus rien à sauver. Et on était d'accord pour ne pas se battre pour du vide. Qu'est-ce qui a changé, dis-moi ? C'est toujours la même terre brûlée, et le même ciel qui pleure. Et toi, et moi, et le monde. Des trucs brisés, qui s'éclatent sur le sol, et qui s'abîment encore plus. Rappelle toi que putain, on ne devait pas se frotter au débris... Pour pas se blesser. Mais bordel, tu te rends compte ou pas ? C'est pas une égratignure que t'as là, c'es un tétanos de tristesse, une gangrène de désespoir.

    Comprends moi, je t'aime. Mais merde, tu me dégoûtes. Je te vois et j'ai la gerbe. T'es une ombre, un fantôme, et t'as ta place nulle part, ni ici ni ailleurs. Paradis, enfer, ciel ou terre, mais tu veux quoi putain ? Ton idéalisme à la con, tes rêves bidons... On ne voulait pas de ça. Et ce monde, qui te déplaisait tant, pourquoi t'as décidé d'y entrer ? Quand on est dans un sommeil sans rêve, on ne saute pas à pieds joint dans le cauchemar. 

    Ce qui me fait chier putain, c'est que quand t'étais encore toi, je pensais pas être un monstre. On avançait ensemble en plein milieu des ruines, à regarder la mort et la misère dans les yeux tout en riant. Et tous les autres étaient en train de crever, de s'étouffer en eux-même, et alors ? On aurait pu hurler, qu'est-ce qui aurait changé ? La terre, toujours brûlée, le ciel, toujours en train de pleurer. Et toi, et moi et le monde. Peut-être qu'on tournait pas rond, mais on était deux, alors ce n'était pas si grave. Et finalement, toi tu as voulu rejoindre le néant des autres, l'absolu vide qu'ils constituent. Et tu m'as laissé. Seul.


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