• 24/01/2021

    Je ne peux pas vraiment le dire autour de moi, mais je pense à Léa. Je me demande ce qu'elle devient, et, puisqu'elle a été hospitalisée à nouveau, si elle va bien, si elle s'en sort, si le post bac lui plaît. Je me demande si elle pense à moi parfois, si elle imagine ce qu'on aurait pu avoir ensemble. Moi, je sais que je le fais. Je ne regrette rien, ce que j'ai aujourd'hui avec mon copain me plaît, me comble et me suffit. De toute façon, ça n'a rien à voir. Léa c'était le combat permanent, sa santé, la mienne, notre relation, ses parents, nos corps : on n'avait confiance en rien, surtout pas en nous. Léa et moi, c'était un bateau en plein naufrage, un genre de gouffre. Un fantasme de deux personnes face à l'adversité. "Toi et moi contre le reste du monde". Alors que Brice c'est plutôt "tu mérites ta place dans ce monde, on ne va pas se battre, on va juste kiffer". C'est vrai que dit comme ça, on dirait que ce n'est pas sérieux. D'ailleurs, en un sens, ça ne l'est pas. Rien ne nous retient. Pas de projets, pas d'avenir. On ne parle pas de la maison qu'on veut,  des voyages qu'on rêve de faire ensemble. On mets des énormes frein. "J'ai envie d'aller au Japon avec mes potes et ma copine. Donc, peut-être toi, si on est encore ensemble". C'est toujours comme ça. Si on n'a pas de projets ensembles, alors on peut se quitter sans hésiter. Le jour où on ne se fera plus de bien, on partira. En tout cas, je sais que moi je le ferais.

    Avec Léa, ça n'aurait pas été possible. Parce qu'on existait l'une avec l'autre, que j'aurais eu trop peur de la laisser. Même si ça n'a pas été son cas. Tant mieux d'ailleurs, elle a eu le courage de partir, courage que moi j'étais vraiment loin d'avoir. Je serais restée, pas par amour mais par peur. Avec Brice, ce n'est pas pareil. Si je pars en claquant la porte, il sera triste et en colère, il pleurera peut-être. Il aura peut-être des nuits blanches, des phases à vide, mais il avancera. Il passera à autre chose, trouvera quelqu'un d'autre, continuera à vivre. Moi, on croirait comme ça que je m'effondre sans lui. On croit que le chagrin me cassera mais c'est faux. J'irais peut-être chez la psy plus souvent, j'aurais peut-être du mal à manger, et tout me rappellera lui, et ce qu'on a eu. Mais, en même temps, je vais m'amuser avec des garçons, des filles, avec tout le monde. Découvrir mon corps, ma sexualité par un autre prisme. Et petit à petit, ça ne fera plus aussi mal. Il y aura peut-être de nouvelles cicatrices sur mes avant-bras, mais elles disparaîtront pour laisser la place à une peau neuve. 

    C'est vrai qu'il a dit une fois "je t'ai réparé". J'ai ri. "Je me suis réparée toute seule". Il a un peu hésité, puis a haussé les épaules "oui, mais je t'ai aidé". D'abord, ça m'a un peu blessé. Ma guérison, c'est ma victoire. Mais il avait raison. Bien sûr qu'il m'a aidé. Il a tenu ma main, embrassé mes poignets. Il m'a aimé quand je pensais que je n'en étais pas digne. Mais s'il a pu m'aimer, d'autre le pourront. Et puis, un objet cassé, une fois réparé, quand bien même la personne qui l'a reconstruit est partie, il reste réparé. Ce qu'il a mit de bon à l'intérieur de moi, je le garde, avec ou sans lui. 

    Parfois je m'en veux. Je le laisse croire que je l'aime à la folie alors que je n'en suis pas si sûre. Je crois qu'il m'aime plus que moi je l'aime. Mais ça ne change rien. On est heureux quand on se tient la main. Je ne compte pas aller voir ailleurs. Alors pas de problème.


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