Des fois, ça fait du bien de savoir que Brice est au courant pour la mutilation. Genre. pas de secrets, ni de mensonges. Rien à cacher. Et beaucoup de soutien. Il ne me juge jamais. C'est sympa de savoir aussi qu'on peut m'aimer avec ça. Que ce n'est pas dégoûtant. De ne pas avoir de pression aussi ça soulage. Il m'aime. Il veut que je m'en sorte, il déteste quand je fais ça. Mais il ne m'engueule pas. Il sait où sont mes lames (dans notre chambre) et il ne crise pas. Il me félicite quand j'arrive à m'en empêcher. Me serre contre lui quand je pleure toutes les larmes de mon corps. N'en fais pas toute une histoire quand je lui demande de lâcher mon bras parce que j'ai trop mal. Continue ses papouilles sur mon bras ou mes cuisses sans me faire culpabiliser. Il tique, bien sûr. Il me montre qu'il les voit, qu'il n'aime pas ça. Mais qu'il m'aime moi.

Mais parfois aussi, c'est insupportable. Quand il rentre dans la chambre, et qu'il me demande "Tu fais quoi là ?!", de ce ton énervé qu'il a quand il s'inquiète. Alors que je ne fais rien. Quand il prend mon bras pour regarder. Sans mauvaises intentions aucune. Mais de façon tellement intrusive et en même temps naturelle. Quand je le sens phaser sur ça en plein milieu d'un câlin, ou pire, au lit.

Je peux rien dire pourtant. Il ne fait pas exprès, il essaie de faire des efforts, il ne sait juste pas comment réagir et il a peur. Et franchement il s'en sort trop bien, vraiment. Brice, c'est le garçon parfait. Gentil et attentionné, affectueux, drôle, intelligent et intéressant. Beau. Bon à l'école, bon cuisinier, bon fils. Bon au lit. Tout doux. Puis, surtout, équilibré. Et j'avoue que ça me fout la pression. 

Mais ça, c'est parce que bordel pour une fois je suis heureuse.